La traduction qui suit est la mienne. Sa seule ambition est de tenter de rendre fidèlement la lettre du texte espagnol. On pourra se reporter aux traductions littéraires de référence, notamment celle d’André Belamich pour les éditions Gallimard. 

Je me suis appuyé sur l'édition Catédra du Romancero (Allen Josephs et Juan Caballero, 2000), dont les annotations, de même que celles de Miguel Garcia Posada pour l'édition Castalia (1988), m’ont été précieuses.

 

 

Romance de la lune, lune

 

La lune vint à la forge                       1

Avec sa jupe de lavande.

L’enfant la regarde, la regarde.

L’enfant reste à la regarder.

Dans le vent attendri

La lune agite ses bras                        5

Et montre, lubrique et pure,

Ses seins de dur étain.

Enfuis-toi, lune, lune, lune.

Si venaient les gitans,

Ils feraient avec ton cœur                  10

Des colliers et des anneaux blancs.

Petit, laisse-moi danser.

Quand viendront les gitans,

Ils te trouveront sur l’enclume,

Tes petits yeux fermés.                        15

Enfuis-toi, lune, lune, lune,

J’entends déjà leurs chevaux.

Petit, laisse-moi, ne foule pas

Ma blancheur amidonnée.

 

Le cavalier s’approchait                      20

En battant le tambour de la plaine.

À l’intérieur de la forge, l’enfant

A les yeux fermés.

Parmi les oliviers venaient,

Bronze et rêve, les gitans.                    25

Leurs têtes redressées

Et les yeux entrouverts.

 

Comme elle chante la chouette,

Ay, comme elle chante sur l’arbre !

Dans le ciel passe la lune                      30

Tenant un enfant par la main.

 

À l’intérieur de la forge pleurent,

À grands cris, les gitans,

Le vent la veille, la veille.

Le vent reste à la veiller.                      35

 

 

 

             Il est connu que la lune joue un rôle structurant dans l’imaginaire de Lorca, qui donne la parole à la Lune dans Noces de sang (acte III, scène 1), a écrit un scénario intitulé Viaje a la luna, et ouvre le Romancero gitano par le « Romance de la lune, lune ». Lorca est héritier de représentations séculaires sur la lune – mythologiques, folkloriques – mais son ambition est de forger un mythe original, comme il le déclare dans la Conférence-Récital : « le livre commence par deux mythe inventés : la lune comme danseuse mortifère et le vent comme satire ».

         « Danseuse mortifère » (bailarina mortal) : cette expression, qui rappelle le genre médiéval de la danse macabre, suggère le pouvoir à la fois envoûtant et inquiétant dont est investi l’astre dans le poème. Si Lorca transforme bien la lune en femme fatale, séductrice et impitoyable, ce n’est toutefois pas pour la faire dialoguer avec un homme mûr. La rencontre féérique que Lorca met en scène est celle de la lune et d’un jeune garçon. Lorca associera à nouveau l’enfant à la lune dans l’avant-dernier poème du recueil, « Don Pedro à cheval » (« sur le rivage / un enfant / voit les lunes »), comme si un lien intime devait se nouer entre l’innocence facétieuse de l’enfant et le charme maléfique de l’astre. Dans le « Romance de la lune, lune », le dialogue de l’enfant et de la lune aboutit à un drame : manifestement la mort de l’enfant, bien que l’art de l’ellipse, dans ce poème inaugural qui se révèle être, avec « la Nonne gitane », le plus court du recueil, rende la lettre de l’anecdote problématique. Dans l’imaginaire caricatural, déconstruit par Lorca, les gitans sont voleurs d’enfant ; ici, c’est la lune qui enlève mystérieusement l’enfant.

             Pour interpréter ce sort tragique réservé au jeune garçon, il est fécond de se référer au texte théorique dans lequel Lorca évoque le plus directement sa conception de l’enfance, à savoir sa conférence sur les berceuses (Canciones de cuna españolas), prononcée en 1928, année de publication du Romancero. Dans cette conférence, Lorca insiste sur le pouvoir aussi bien sinistre que captivant des berceuses. Le « Romance de la lune, lune », qui emprunte stylistiquement bien des traits à la berceuse, n’évoque-t-il pas, dans sa forme comme dans son contenu, ces berceuses inquiétantes où se croisent le sommeil et la mort ? Or, ce charme troublant, proprement poétique, à l’œuvre dans les berceuses, s’explique selon Lorca par le fait que ces textes sont composés pour des enfants, c’est-à-dire des êtres disposés à percevoir la magie du monde. La réinterprétation du genre de la berceuse permet donc, au seuil du Romancero, de mettre en scène l’imagination transfiguratrice de l’avatar du poète qu’est l’enfant.

             Nous montrerons d’abord comment Lorca élabore dans ce poème un nouveau mythe lunaire. Nous nous intéresserons ensuite à la subversion du genre de la berceuse. Il s’agira enfin de lire le « Romance de la lune, lune » comme une méditation sur l’expérience poétique, à partir de la figure tutélaire de l’enfant.

 

*

 

            Le « Romance de la lune, lune » se nourrit de motifs merveilleux hérités de traditions variées. La figure mythologique d’Endymion – berger dont Séléné, la lune, est amoureuse et à qui elle rend visite chaque nuit – se dessine en arrière-plan de ce texte imprégné d’érotisme. Dans la mythologie grecque toujours, la Lune est parfois présentée sous les traits d’Hécate, déesse porteuse de mort qui a pour fonction d’être psychopompe, conductrice des âmes : c’est bien ce rôle qui est dévolu chez Lorca à la lune, qui conduit in fine l’enfant par la main. Comme souvent dans le Romancero, ces traditions savantes s’articulent avec des croyances populaires. Herbert Ramsden souligne ainsi que l’une des sources possibles du poème est la superstition, relayée par les nourrices, selon laquelle si un enfant regarde trop fixement la lune elle descendra s’emparer de lui. Ainsi peut-on comprendre l’insistance sur la vue, avec le polyptote « el niño la mira, mira / El niño la está mirando ». La forme gérondive, difficile à rendre en français, souligne la concentration de l’enfant, qui est puni pour son regard trop fixe, en vertu d’un interdit du regard commun à nombre de contes et de légendes.

 

       La lune devient « danseuse mortifère », déclare Lorca en appliquant à la lune les associations traditionnelles entre danse, sensualité et charme redoutable. On pense à la figure de Salomé, d’autant que dans la suite « Canciones bajo la luna », Lorca écrit que « la lune est une sœur / de Salomé ». Dans le « Romance de la lune, lune », la lune est fortement féminisée : elle s’avance avec un « polisón », pièce vestimentaire destinée à mettre en valeur la silhouette féminine et dont l’ancienneté crée d’emblée un effet d’intemporalité (un polisson en français, traduction rendue impossible par le sens courant de « garçon espiègle » qui prêterait à confusion dans un poème mettant en scène un enfant). La lune est de blanc vêtue, mais sa blancheur, loin d’être une image de candeur, est « amidonnée », l’amidon étant associé à la séduction dans le poème du Romancero le plus empreint d’érotisme, « L’Épouse infidèle » (« l’amidon de sa jupe / Me résonnait dans l’oreille »).

            Les deux vers où l’érotisation de la lune est la plus évidente sont les vers 6 et 7. Lorca s’inspire de l’apparence concrète de la lune pour la métamorphoser en femme fatale. C’est la rotondité de la lune qui évoque l’image des seins, et l’adjectif lúbrico, qui a pour premier sens en espagnol « glissant », fait songer à la lisse surface de la lune. La métaphore des « seins de dur étain » est menaçante, le métal, froid et implacable, étant un symbole de mort chez Lorca : dans « Mort d’amour » la lune est « un ail de métal mourant » (« ajo de agonica plata »). On pourrait rapprocher ces vers d’une des scènes finales du Tristana de Buñuel (1970), où l’héroïne de Galdós (interprétée par Catherine Deneuve), dont le cœur semble se glacer à la fin du film, se place à la fenêtre pour dévoiler sa poitrine nue à un adolescent.

            Il n’est rien d’étonnant à ce que dans sa conférence Lorca qualifie la lune de danseuse : elle « agite ses bras » et est accompagnée à la fois par un chant (celui de la chouette, v. 28) et par un instrument, le tambour (v. 21). L’image du « tambour de la plaine » annonce le début du deuxième romance, dans lequel Preciosa joue de cette « lune de parchemin » qu’est son tambourin. Nouvelle Esmeralda (dépourvue toutefois de charité), la lune a tous les traits d’une danseuse gitane. Plus discrètement, l’interjection ay (v. 29), emblématique du flamenco, suggère que c’est une lune virtuose du flamenco que le poème donne à rêver. On sait que Lorca, définissant le duende, ce mystique moment de grâce propre au flamenco, l’associe à la mort : « el duende no llega si no ve posibilidad de muerte » (« Jeu et théorie du duende »). C’est tout l’esthétisme trouble d’une danse endiablée et funèbre que Lorca déploie dans ce romance.

 

            Le poème a beau avoir pour titre « Romance de la lune, lune », la lune n’en est qu’un des deux protagonistes, une des originalités de Lorca étant de confronter la lune et l’enfant. Le parallélisme des deux discours est très soigné : les vers sont également répartis entre la lune et l’enfant (quatre vers chacun pour les v. 8-15 ; deux vers chacun pour les v. 15-18), à la façon d’un chant amébée à la fois harmonieux et inquiétant. Bien plus, des effets d’écho sont sensibles d’un discours à l’autre. L’hypothèse de l’enfant (« si venaient les gitans ») est reprise par la lune au futur simple (« quand viendront les gitans »). L’enfant et la lune ont en commun de répéter un impératif : l’injonction enfuis-toi pour l’enfant (le huye des v. 8 et 16 annonce le « Preciosa, corre, Preciosa » du romance suivant) et l’ordre laisse-moi pour la lune. Le ton se fait à cet égard de plus en plus péremptoire, la lune s’exclamant : « laisse-moi danser », puis, plus brutalement, « laisse-moi », exclamation que l’on retrouve chez la Lune de Noces de sang, qui s’écrie trois fois : « laissez-moi ». Des liens unissent en outre le discours et le récit : la lune annonce que l’enfant aura les « yeux fermés » (v. 15) et les mêmes termes sont employés au vers 23, ce qui confère à la parole de la lune la performativité d’un discours magique.

            Les yeux fermés pourraient marquer le simple ensommeillement, mais ils signifient vraisemblablement la mort de l’enfant. Dans le « Romance de l’Ajourné », la mort est dite par l’image des yeux qui se ferment (« y el veinticinco de agoso / se tendio para cerrarlos »). Le verbe velar, le dernier du poème (« el aire la vela, vela / el aire la esta velando »), peut avoir en emploi transitif, comme en français, le sens de « prendre soin de quelqu’un », de le « surveiller », mais il signifie aussi « passer la nuit au chevet d’un mort ». Les pleurs funèbres des Gitans suggèrent que c’est un défunt que le « vent attendri » veille avec sollicitude. Le « Romance de la lune, lune » peut être rapproché, comme le faisait déjà le poète Vicente Alexandre, ami de Lorca, du « Roi des Aulnes » de Goethe. Le sort tragique réservé à l’enfant, le motif de la cavalcade, la présence trouble du désir, le bercement mortifère (« und wiegen und tanzen... »), rattachent en effet le « Romance de la lune, lune » au plus célèbre poème de Goethe (la figure du père dans le « Roi des Aulnes » ressemble par ailleurs à la mère insouciante du treizième romance, « Mort d’amour »). Reste que la mort, chez Lorca n’est pas dite avec la même violence univoque que dans le « Roi des Aulnes ». Au lieu d’écrire « l’enfant était mort » (les derniers mots de Goethe sont « das kind war tot »), Lorca interroge la frontière inquiétante entre endormissement et mort.

 

*

 

            La présence de l’enfant, l’hésitation entre sommeil et mort, la musicalité inquiétante du poème, prennent toute leur valeur si l’on envisage le « Romance de la lune, lune » comme une forme originale de berceuse. Lorca s’est exprimé sur les berceuses dans sa conférence « Canciones de cuna españolas » – on remarquera l’homophonie, à laquelle on peut accorder quelque importance, entre cuna (le berceau) et luna (la lune). Dans ce texte de 1928, Lorca insiste sur la tristesse profonde de certaines berceuses (« melodías de más acentuada tristeza ») et va jusqu’à commenter « l’état de doute, de terreur », dans lequel des couplets de berceuse plongent les enfants. Le « Romance de la lune, lune » paraît d’autant plus pouvoir être lu à la lumière de cette conférence que les deux derniers vers du poème sont extraits d’une berceuse (intitulée « Nana de los gitanos de Granada ») que Lorca cite dans un brouillon de la conférence. Les berceuses ont du reste un écho dans d’autres œuvres de Lorca, et notamment celle de ses trois grandes pièces où la lune a le plus de place, Noces de Sang, où une berceuse est récitée, mettant en scène un cavalier (acte I, scène 2).

            Si le « Romance de la lune, lune » s’apparente à une berceuse, c’est d’abord par l’usage hypnotique des répétitions, qui confèrent au poème un ton de comptine. Il y a une symétrie syntaxique, sacrifiée dans la traduction de Line Amselem, entre les vers 3 et 4 et les vers 34 et 35, fondés sur une duplication du verbe avec emploi du gérondif. Lorca choisit d’écrire « el aire la vela, vela [la forge] » plutôt que « el aire lo vela, vela » (« le vent le veille, veille [l’enfant] »), sans doute pour renforcer le parallélisme entre le début et la fin du poème. Le titre même du poème s’articule autour d’une répétition inattendue – « romance de la lune, lune » – que l’on retrouve dans le corps du texte : « enfuis-toi, lune, lune, lune ». De façon révélatrice, dans le conte Lejana (La lointaine) de Cortazar, l’héroïne Alina Reyes, récitant des textes susceptibles de l’aider à trouver le sommeil, se remémore le « Romance de la lune, lune » : le poème de Lorca, avec son rythme envoûtant, a bien tous les traits d’une berceuse.

                    Ce poème qui ressemble par sa forme à une berceuse paraît en outre, quant à son contenu narratif, mettre en scène les effets mortifères d’une berceuse. La Lune est en effet l’analogue d’une nourrice cruelle qui au lieu d’endormir l’enfant, l’assassinerait, comme si Lorca poussait à l’extrême la thèse du charme funèbre des berceuses. L’insistance sur les seins de la Lune participe à l’érotisation de l’astre, mais évoque aussi l’image de la nourrice. De fait, dans la « Conférence sur les berceuses », Lorca mentionne « le sein amidonné de la nourrice » (« el almidonado pecho de la nodriza ») : on aura reconnu l’adjectif amidonné, appliqué à la blancheur de la lune dans le poème. L’expression « tomber dans les bras de Morphée » existe en espagnol (« estar en los brazos de Morfeo »). Dans le poème de Lorca, la Lune, variante sombre de Morphée, à défaut d’enlacer l’enfant pour l’endormir, le tient par la main pour l’arracher à son existence terrestre.

 

*

 

            Dans la « Conférence sur les berceuses », Lorca est conduit, à partir de son analyse des berceuses, à insister sur la singularité du regard de l’enfant sur le monde. Parce qu’il n’est pas corrompu par « la raison destructrice », l’enfant accèderait à « la clef de la substance poétique ». Jamais dans le Romancero Gitano n’apparaît le mot poète, mais peut-être est-ce bien l’enfant qui doit être compris comme un reflet du je lyrique. Dans « Saint Raphaël », les enfants « chantent la désillusion [desengaño] du monde », tel le poète – le desengaño étant au cœur de la poésie du Siècle d’Or. On gagne à ce titre à rapprocher l’enfant du « Romance de la lune, lune » d’une figure de comptines enfantines bien connue de Lorca : Pierrot, personnage lunaire par excellence, sur lequel Lorca écrit dès 1918 un texte, « Pierrot, poème intime ». Ce valet habillé de blanc est devenu, à l’époque romantique, une incarnation de l’amour malheureux, de la lucidité amère – et un représentant privilégié du poète. C’est en envisageant l’enfant, Pierrot méditatif, comme un délégué du poète, que l’on peut interpréter son énigmatique dialogue avec la lune. 

            Le contraste est frappant entre la sollicitude de l’enfant envers l’astre et la froideur hostile des réponses de la lune. L’enfant avertit la lune du risque qu’elle encourt d’être transformée en « colliers » et « anneaux ». Ne peut-on pas y voir une volonté chez l’enfant de préserver la beauté de l’astre au lieu de la faire servir à des fins mercantiles ? Si transformation de la lune il y a, ce doit être une métamorphose onirique et non une dégradation technique. Le lieu choisi par Lorca, la forge, a certes une valeur anecdotique (les gitans sont traditionnellement associés au travail du fer), mais aussi une valeur symbolique. La forge est l’espace où les objets, en changeant de contours, sont façonnés. Or, à une élaboration purement instrumentale qui ôterait le charme de la lune s’oppose une autre élaboration, le travail poétique, qui fait advenir le beau.

            L’enfant, respectueux du charme de la lune, s’oppose ainsi aux Gitans adultes. Il n’est pas anodin que les Gitans aient les yeux « entrouverts », alors que l’enfant, jusqu’à ce que la lune lui ferme les yeux, regardait fixement vers un au-delà. Grâce à son don de lucidité, l’enfant voit ce que l’adulte ne saurait qu’apercevoir. Comment comprendre dès lors la violence de la lune envers l’enfant ? Le poème n’est pas sans déployer le thème icarien du châtiment qui frappe l’intrépide qui s’est mis en quête de secrets défendus. L’enfant s’aventure trop loin dans l’initiation et reçoit ainsi une impitoyable sanction. « Ne foule pas ma blancheur amidonnée » : ce vers assimile la lune à un sanctuaire interdit d’accès, mais dont l’enfant aurait osé s’approcher. Ce désir de mettre la main sur la lune, dans un sens littéral et métaphorique, rapproche le « Romance de la lune, lune », après le « Roi des Aulnes », d’un autre célèbre poème mettant en scène un enfant : « Aube » de Rimbaud, où le jeune garçon, avide de dévoilement, poursuit une allégorie féminine, non de la Lune, mais au contraire de l’Aube. Paraboles complexes sur l’enfance et la soif de connaissance, fondées sur l’opposition problématique entre sommeil et veille, les deux poèmes mêlent un sens amoureux et initiatique à un sens métapoétique. Néanmoins, alors que l’enfant rimbaldien, fût-ce de façon éphémère et illusoire, « lève les voiles » de l’aube et « sent son immense corps », l’enfant de Lorca est tenu à distance et, victime d’un inquiétant sortilège, ferme à jamais les yeux pour avoir trop contemplé la lune.

 

 

 

Nicolas Fréry

Mis en ligne le 16 octobre 2017